Le scandale « Cum Cum » : l’arbitrage fiscal au cœur de l’actualité européenne

Le montage fiscal dit « Cum Cum » a récemment ébranlé la scène économique et financière européenne, révélant à travers plusieurs enquêtes et procédures judiciaires comment des banques majeures ont permis à des investisseurs étrangers d’éviter l’impôt sur les dividendes via des opérations sophistiquées d’arbitrage et de prêts de titres. Le préjudice fiscal pour la France est estimé à près de 33 milliards d’euros sur vingt ans, tandis qu’à l’échelle européenne, on évoque plus de 140 milliards d’euros de manque à gagner pour les finances publiques — autant de ressources précieuses pour la santé, l’écologie ou l’éducation.

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Qu’est-ce que le montage Cum Cum ?

Ce mécanisme consiste pour un investisseur étranger à transférer temporairement ses actions à une banque française juste avant le versement du dividende, afin de profiter d’une fiscalité plus avantageuse. Ensuite, les titres sont restitués à leur propriétaire d’origine une fois le dividende perçu, permettant d’échapper ainsi à la retenue à la source normalement exigée en France. Si ce schéma a longtemps été toléré et qualifié d’optimisation fiscale, il est désormais qualifié d’abus de droit au vu de son caractère artificiel et de son impact sur les recettes fiscales.

Actualité 2025 : réforme, polémique et revirement

  • Un tour de vis législatif : Devant l’ampleur des pertes, la loi de finances 2025 a introduit la taxation du « bénéficiaire effectif » des dividendes (celui qui en bénéficie réellement, même via une banque ou un intermédiaire). L’objectif : empêcher qu’une banque héberge temporairement des titres pour le compte d’un actionnaire étranger afin de contourner la retenue à la source.
  • Poussée du lobby bancaire : Un texte d’application du ministère des finances publié en avril 2025 avait introduit quelques exceptions (notamment sur certains marchés réglementés), sous la pression du secteur bancaire. Les sénateurs se sont alors fortement mobilisés, dénonçant l’influence disproportionnée des lobbys bancaires et la création d’une « brèche » dans le dispositif, contraire à l’intention du législateur.
  • Victoire parlementaire : Sous la pression du Parlement et des médias, le gouvernement a finalement retiré le texte controversé le 24 juillet 2025, rendant la règle stricte et sans ambiguïté : la retenue à la source s’applique désormais à tous sans exceptions, fermant la porte aux montages Cum Cum via les marchés réglementés ou les banques.

Limites et critiques du montage fiscal Cum Cum

L’un des principaux défauts de ces montages est leur opacité. Les transactions en cascade complexifient le contrôle fiscal et la coopération entre États, mais aussi la traçabilité de l’impôt. Les législateurs européens plaident de plus en plus pour une standardisation et automatisation de l’échange d’informations afin d’endiguer ces pratiques. Si la directive européenne sur l’échange automatique d’informations a renforcé le filet, elle reste confrontée à la lenteur de mise en œuvre, la diversité des conventions fiscales bilatérales et les résistances de certains pays.

 

Fiscalité internationale réforme

Pression pour une réforme structurelle

Face aux critiques et au coût pour les finances publiques, la France et d’autres États ont renforcé leur arsenal anti-abus :

  • Une présomption d’abus fiscal en cas de montage sans justification économique réelle (notamment depuis 2019).
  • Des sanctions accrues et une intensification des contrôles fiscaux sur les établissements financiers facilitateurs.
  • Une coopération européenne active pour identifier les bénéficiaires effectifs et permettre des redressements à l’international

Conséquences concrètes & recommandations pour les entreprises

Pour les sociétés et investisseurs concernés :

  • Revue de conformité fiscale : Il est crucial de réexaminer les schémas de détention de titres en lien avec des opérations dites « Cum Cum » pour éviter les redressements et sanctions à venir.
  • Transparence et réputation : Les grandes banques (BNP Paribas, Société Générale, Exane…) sont actuellement visées par des enquêtes, perquisitions ou redressements fiscaux — la réputation devient un enjeu aussi important que le risque financier.
  • Anticipation réglementaire : La « parade Cum Cum » ne fonctionne plus avec la nouvelle loi ; il convient dès aujourd’hui de privilégier des stratégies fiscales légales, transparentes et conformes à l’esprit du droit fiscal international.
  • Communication claire : Soyez proactif sur les démarches de conformité, à destination des clients, partenaires et autorités, pour prévenir toute suspicion d’évasion fiscale.

Vers un système plus équitable

La lutte accrue contre ces montages marque un tournant vers une fiscalité plus juste. Ce renforcement a pour objectif de garantir que l’impôt soit effectivement payé là où la richesse est créée et là où la ressource fiscale est due, pour la justice sociale et la stabilité financière des États.

La « chasse » au Cum Cum, enclenchée par les pouvoirs publics en 2025, devrait ainsi réduire considérablement les possibilités d’échapper à l’impôt et participer à la restauration de la confiance dans la fiscalité française et européenne.

Questions fréquentes sur les risques et bonnes pratiques

  • Peut-on encore recourir aux montages Cum Cum ? Aujourd’hui, presque plus : toute dissimulation du bénéficiaire effectif des dividendes est désormais systématiquement sanctionnée. Les exceptions qui persistaient jusqu’à cet été sont closes.
  • Comment protéger la réputation de son entreprise ? Adopter la transparence fiscale et anticiper toute réforme. Être exemplaire dans sa communication sur l’éthique fiscale devient une attente de la société civile, des investisseurs et des clients.
  • Quels contrôles à anticiper ? Une vigilance accrue des services fiscaux sur les transactions internationales et les relations avec les banques, notamment sur la réalité économique des opérations de prêt/rachat de titres.

En conclusion : le montage Cum Cum appartient désormais, en France du moins, au passé… mais il a laissé une empreinte durable et une transformation profonde des rapports entre investisseurs, banques et administration fiscale : 2025 marque ainsi la clôture d’une brèche majeure dans la fiscalité des dividendes.

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