La première étape du diagnostic d’une entreprise consiste à analyser ses performances industrielle et commerciale. L’analyse se focalisera en particulier sur l’efficience de l’entreprise dans l’utilisation des ressources dont elle dispose, compte tenu de la nature de ses activités et de ses objectifs stratégiques.

Quelles sont les questions à se poser ?

Afin de diagnostiquer ses performances, plusieurs questions structurées doivent être poser en amont.

  • L’entreprise est-elle en croissance ?
  • Cette croissance est-elle comparable à celle du secteur ? Si non, pourquoi ?
  • Quel est le positionnement de l’entreprise sur son marché (leader, suiveur…) ?
  • L’entreprise dégage-t-elle des marges positives ?
  • Ces marges sont-elles comparables à celles du secteur d’activité ? Si non, pourquoi ?
  • Quel est le poids de l’entreprise sur son marché ?
  • Quel est le seuil de rentabilité de l’entreprise ?

Quels outils d’analyse et de calculs utiliser ?

Les soldes intermédiaires de gestion

L’analyse va porter principalement sur le compte de résultat. Celui-ci aura préalablement été retraité et remis en forme afin de permettre une lecture plus aisée des résultats. L’outil privilégié utilisé à ce stade est en effet le tableau des soldes intermédiaires de gestion (tableau des SIG). Le Plan Comptable Général propose l’articulation suivante :

  • Marge commerciale = Ventes de marchandises – Achats de marchandises – Variation de stocks de marchandises
  • Production de l’exercice = Ventes de prestation + Production stockée + Production immobilisées

Ces deux critères permettent d’analyser la Valeur ajoutée de l’entreprise qui se calculera de la manière suivante : Marge commerciale + Production de l’exercice – Achats de matières premières et approvisionnements – Variation de stocks de matières premières et approvisionnements – Autres charges externes.

Plusieurs variantes de soldes de gestion existent. Chaque format comporte ses propres retraitements. Les plus fréquents concernent les postes suivants dès lors que les montants en cause sont significatifs par rapport aux soldes :

  • Les charges de personnel exterieur (ajoutées aux frais de personnels) ;
  • Les redevances de crédit-bail (réparties entre charges financières et remboursement de capital) ;
  • les subventions d’exploitation assimilées à un complément de prix de vente (ajoutées à la production).

Notons que d’autres retraitements étaient mis en oeuvre, notamment par la Centrale de Bilans de la Banque de France qui proposait, pour élaborer un tableau « Activité, marges et résultat » (pour mémo, l’analyse par la Centrale de Bilans des données financières de ses entreprises adhérentes n’existe plus depuis 2008) que :

  • la sous-traitance de fabrication soit déduite de la production ;
  • l’escompte de règlement reçu ou payé soit reclassé en exploitation ;
  • les autres produits (75 hors 755) et autres charges (65 hors 655) soient inclus dans le résultat brut d’exploitation.

Seuil de rentabilité

Il s’agit de déterminer le chiffre d’affaires pour lequel l’entreprise ne fait ni gain, ni perte. Cet indicateur est fondé sur la distinction entre charges fixes et charges variables. Ce n’est que lorsque la totalité des charges fixes a été couvertes grâce à la marge sur coût variable qu’un bénéfice net peut être dégagé.

Le seuil de rentabilité est donc le chiffre d’affaires (CA) à partir duquel l’entreprise, ayant assuré la couverture des charges fixes, commence à dégager ses bénéfices. Il peut être exprimé en valeur ou en volume et se calcule selon la formule suivante : frais fixes / marge sur coût variable (en % du CA).

Cette approche est particulièrement intéressante, car elle permet de mesurer la vulnérabilité de l’entreprise en cas de contraction de son chiffre d’affaires.

A rentabilité équivalente, une entreprise présentant les frais fixes les plus importants sera la plus à risque. En revanche, en cas de hausse de son chiffre d’affaires, elle en retirera un bénéfice immédiatement plus important.

Notons qu’il s’agit de l’évolution divergente des produits et des charges. Ce phénomène peut se matérialiser de plusieurs façons (évolution plus rapide des charges que des produits, stagnation des charges liées à une baisse des revenus…). Il convient de comprendre les causes qui peuvent être multiples (concurrence très agressive, mauvaise gestion des coûts…).

Les autres indicateurs de performance

De multiples soldes de gestion et ratios peuvent être utilisés dans le cadre d’une analyse financière. Le choix dépendra du secteur d’activité dans lequel opère l’entreprise étudiée, de sa place dans le cycle du produit (producteur / distributeur)…

Notons également l’intérêt de certains indicateurs destinés à mesurer la création de valeur actionnariale : par exemple, l’EVA (Economic Value Added) est mesurée par l’excédent du résultat opérationnel (après impôt) sur le coût des capitaux engagés.

Interprétation

Croissance

Constituant la base de l’activité de l’entreprise, production et chiffre d’affaires doivent faire l’objet d’une étude approfondie. L’évolution du CA, en particulier, sera analysée afin de mettre en évidence les facteurs d’évolution :

  • variations des volumes vendus (par type de produit, par canal de distribution…) ;
  • variation des prix de vente ;
  • effet des cours de change…

Par exemple, une évolution de CA total de 5% peut, en réalité, s’expliquer par :

  • des quantités vendues stables mais bénéficiant d’une augmentation des prix de 5% ;
  • ou une augmentation de 5% des quantités vendues, à prix de vente constants.

Il est évident que la conclusion sera très différente dans l’une ou l’autre configuration. Par ailleurs, il sera instructif de comparer les évolutions de l’entreprise étudiée avec celles des principaux concurrents.

Déterminer les marges commercial et brute

La marge commerciale

Dans une entreprise de distribution (vente sans transformation), il est primordial de déterminer le taux de marge commerciale et d’analyser son évolution dans le temps et par rapport à ses concurrents.

Ce taux de marge peut se calculer soit par rapport au CA, soit par rapport aux achats (dans le premier cas,on parlera de taux de marque et dans, le second cas, on parle de taux de marge).

Une déterioration de ce ratio dans le temps peut petre révélateur d’une gestion déficiente des approvisionnements.

De même, un ration inférieur à la moyenne du secteur ou aux concurrents directs doit alerter les dirrigeants sur le bien-fondé de leur gestion ou d eleur stratégie.

La marge brute

Dans une entreprise industrielle, il peut également être intéressant de calculer un taux de marge brute. Ce solde se détermine généralement par :

  • Ventes – Achats de matières premières – Main d’oeuvre directe.

De même que pour le chiffre d’affaires, une analyse de la variation de marge brute mettant en évidence les effets « volume » des effets « coûts/prix » peut s’avérer très instructuve.

Création de richesse

La valeur ajoutée est un indicateur intéressant car il constitue, mieux que la production ou le CA, un indicateur de la taille de l’entreprise : par ailleurs, il renseigne sur la richesse crééé par l’entreprise.$La valeur ajoutée peut ainsi, si elle est rapportée aux effectifs, contribuer à mesurer la richesse produite par salarié : bien évidemment, les résultats ne peuvent être interprétés que dans un même secteur d’activité.

Un autre angle d’analyse consiste à étudier la répartition de la valeur ajoutée entre les différents bénéficiaires :

  • personnel (frais de personnel et paticpant) ;
  • Etat (impôts et taxes et impôts sur les bénéfices) ;
  • prêteurs (frais financiers) ;
  • entreprise elle-même (résultat plus amortissements) ;
  • actionnaires (dividendes).

L’évolution de cette répartition éclaire sur les choix stratégiques effectués par l’entreprise.

Par exemple, une évolution montrant une part croissante des prêteurs peut révéler une détérioration de la santé financière de l’entreprise.

Autre configuration possible, lorsque la quote-part attribuée au personnel augmente de manière significative. Il convient de s’interroger sur les causes de son évolution : s’agit-il d’une décision délibérée ou d’une perte de contrôle de la masse salariale ?

 Profitabilité

La profitabilité peut être mesurée grâce à deux indicateurs, l’excédent brut d’exploitation et le résultat d’exploitation.

L’excédent brut d’exploitation (EBE)

Il s’agit de la trésorerie  potentiellement générée par l’exploitation (ce solde exclut ainsi l’impact de la structure financière de l’entreprise). Cet indicateur peut être assimilé à l’EBITDA, utilisé par les groupes cotés.

Il constitue une mesure de la performance de l’entreprise appréciée sous un angle purement industriel et commercial.

Son rapport au chiffre d’affaires ou à la valeur ajoutée, analysé sur une période assez longue, peut s’avérer particulièrement instructif.

Le résultat d’exploitation

Cet indicateur tient compte de la politique d’investissement de l’entreprise, puisqu’il est calculé après dotation aux amortissements, dépréciations et provisions.

Rapporté au CA ou à la production et analysé sur plusieurs années, il reflète la performance de l’entreprise dans la gestion de son outil de production.

L’autofinancement

La capacité d’autofinancement est un concept voisin d el’EBP ; c’est également un flux potentiel de trésorerie (à savoir, produits encaissables – charges décaissables), mais à la différence de l’EBE, il sera tenu compte de tous les produits et charges donnant lieu à mouvement de trésorerie.

Ainsi, les produits et charges financières, les produits et charges exceptionnels, la participation des salariés et l’impôt sur les bénéfices sont inclus dans le calcul de la CAF (Capacité d’Auto-Financement).