Les récents reports des obligations de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et de la CSDDD (Corporate Sustainability Due Diligence Directive) bouleversent le paysage réglementaire des entreprises européennes. Alors que ces directives constituent des composantes cruciales du Pacte Vert européen visant à améliorer la transparence et la responsabilité des entreprises, leur adaptation progressive grâce à des reports offre une opportunité inespérée pour préparer des stratégies durables efficaces. Pour comprendre l’impact de ces nouvelles échéances sur votre entreprise, il est essentiel de se pencher sur les mécanismes mis en place et les implications à venir.

La directive « Stop the Clock » : un mécanisme suspensif européen

La directive « Stop the Clock », adoptée le 3 avril 2025 par le Parlement européen, constitue un élément décisif dans le calendrier de mise en œuvre des obligations de reporting. Ce mécanisme assure une pause stratégique, en décalant notamment de deux ans l’entrée en vigueur de certaines exigences pour les entreprises concernées par la CSRD.

Adoption et entrée en vigueur

Le texte a été publié au Journal officiel de l’Union européenne le 16 avril 2025 et est entré en vigueur le 17 avril de la même année. Les entreprises des vagues 2 et 3, qui incluent de grandes entreprises non cotées et les PME cotées, voient ainsi leur échéance de reporting différée pour leur permettre de s’adapter à ces nouvelles exigences.

Modifications clés

La directive « Stop the Clock » introduit un report de deux ans pour la CSRD concernant :

  • Vague 2: reporting à partir de 2028 pour l’exercice 2027, touchant principalement les grandes entreprises non cotées.
  • Vague 3: reporting à partir de 2029 pour l’exercice 2028, ciblant les PME cotées.

Pour la CSDDD, la directive prévoit un report d’un an, ainsi que l’exécution de la transposition nationale d’ici au 31 décembre 2025. Cette approche vise à alléger temporairement la charge réglementaire, tout en garantissant une meilleure préparation des entreprises aux obligations futures.

La loi DDADUE : transposition française des reports

En France, la loi DDADUE (Directive Devoir d’Alerte et d’Attention des Entreprises) adapte le calendrier de la directive « Stop the Clock » aux réalités nationales, reflétant la volonté d’aligner les délais avec l’échelle européenne.

Alignement sur les délais européens

La France a concrétisé ces reports dans sa législation nationale, assurant ainsi un contexte juridique cohérent pour les entreprises des vagues 2 et 3 de la CSRD. Ces entreprises bénéficient ainsi de deux années supplémentaires pour instaurer leurs procédures internes de reporting.

Dispositions transitoires et mesures complémentaires

Les mesures mises en place priorisent les entreprises ou groupes de moins de 750 salariés, offrant un cadre progressif pour s’assurer que les nouvelles obligations sont correctement intégrées. D’ici au 31 octobre 2025, l’EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group) est mandaté pour clarifier et simplifier les ESRS, réduisant ainsi l’impact administratif potentiellement pesant pour les PME.

Impacts pour les entreprises françaises

Les entreprises doivent naviguer entre opportunités et défis face aux modifications de la CSRD et de la CSDDD. Ces nouvelles dispositions légales influencent majoritairement les grandes entreprises non cotées et les PME cotées.

Secteurs concernés et avantages du report

Les secteurs industriels, de la distribution aux services, sont directement concernés par ces changements. Le décalage des échéances permet un gain de temps crucial pour structurer les systèmes de collecte et de traitement des données ESG, tout en assurant un alignement stratégique avec les directives européennes à venir, telles que la CSDDD.

Risques résiduels

Néanmoins, les entreprises doivent anticiper les coûts à moyen terme liés à la conformité pour éviter une accumulation des obligations à l’échéance. L’extension du périmètre des obligations, incluant la chaîne de valeur, nécessite également une vigilance accrue dans la gestion des fournisseurs et partenaires.

Conseils pratiques pour les entreprises

Pour accompagner cette transition, un calendrier révisé et des actions prioritaires ont été recommandés aux entreprises.

Calendrier révisé

DirectiveVague / Type d’entrepriseDate initiale reportingNouvelle échéance reporting
CSRDVague 2 (grandes non cotées)Exercice 2026 (reporting 2027)Exercice 2027 (reporting 2028)
CSRDVague 3 (PME cotées)Exercice 2027 (reporting 2028)Exercice 2028 (reporting 2029)
CSDDDGrandes entreprisesApplication 2025Application 2026

Actions prioritaires

  • Réaliser un audit des données ESG disponibles pour identifier les manques et mieux structurer la collecte future.
  • Former les équipes aux normes ESRS simplifiées qui seront publiées par l’EFRAG d’ici fin 2025.
  • Renforcer la collaboration avec les fournisseurs pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement et anticiper les nouvelles obligations du devoir de vigilance.

Perspectives et prochaines étapes

Alors que l’EFRAG finalisera la révision des normes ESRS d’ici fin 2025, le chemin vers une harmonisation internationale, potentiellement avec les standards de l’ISSB ou du GRI, pourrait bientôt voir le jour. Les entreprises européennes doivent impérativement suivre la transposition nationale de la directive CSDDD, impliquant de nouvelles obligations de diligence au sein de l’UE.

Comprendre les enjeux de la nouvelle directive « Stop the Clock »

Les entreprises, grandes et petites, font face à un paysage réglementaire de plus en plus complexe. La directive « Stop the Clock » intervient comme un répit vital, permettant de gagner le temps nécessaire pour intégrer les exigences strictes des nouvelles directives CSRD et CSDDD. Cependant, la question demeure : Comment les entreprises peuvent-elles utiliser ce temps à bon escient pour se préparer efficacement ?

Un délai stratégique pour s’adapter

Ce report n’est pas simplement une pause. C’est une opportunité stratégique pour aligner plus étroitement les opérations internes avec les objectifs de durabilité de l’UE. Pour les grandes entreprises non cotées et les PME cotées, cela signifie peaufiner les méthodologies de collecte de données ESG, former les équipes à de nouvelles pratiques et consolider les relations avec les parties prenantes externes.

Optimisation des ressources humaines

Un des aspects cruciaux de ce report concerne l’opportunité d’adopter un changement culturel au sein des entreprises. Par exemple, il ne suffit pas d’ajouter des discussions ESG aux agendas des réunions exécutives; il faut investir dans la formation des employés à travers tous les niveaux de l’organisation. Selon une étude de Deloitte, les entreprises qui investissent dans des formations structurées augmentent leur conformité en matière de reporting de 45% par rapport à celles qui ne le font pas.

Tableau de comparaison des directives actuelles et des échéances reportées

DirectiveCatégorie d’entrepriseDate initialeNouvelle échéance
CSRDGrandes non cotées20262028
CSRDPME cotées20272029
CSDDDGrandes entreprises20252026

Questions clés à se poser

Quels sont les risques si nous ne profitons pas de ce report ?

Ignorer cette chance de se préparer intensément revient à inviter des risques de non-conformité plus tard. Un rapport de KPMG révèle que 60% des entreprises qui n’ont pas anticipé les coûts de mise en conformité ont vu leurs dépenses augmenter de 30% sur les deux premières années de mise à jour réglementaire.

Quelle est la stratégie à adopter pour se préparer efficacement ?

Il est essentiel de mettre en place une stratégie intégrée incluant audit ESG approfondi, formation des équipes, et fortification des chaînes d’approvisionnement. De plus, investir dans des technologies pour améliorer la précision des rapports ESG est crucial. Cela peut inclure des logiciels spécialisés pour faciliter la collecte et le traitement des données.

Soutenir une transition fluide vers la durabilité

Les reports des obligations CSRD et CSDDD sont plus qu’un simple répit; ils sont une occasion de transformation positive. En investissant dans les formations et les technologies adéquates dès maintenant, les entreprises peuvent non seulement améliorer leur conformité future mais aussi créer de la valeur à long terme. L’harmonisation internationale des normes ESG, attendue grâce à des alignements potentiels avec ISSB ou GRI, pourrait encore simplifier la tâche pour ceux qui sont bien préparés.

En somme, prendre le temps de revoir et d’améliorer les pratiques actuelles sera le fondement solide d’une gouvernance durable et efficace. Soyez proactif maintenant pour récolter les bénéfices de demain.

FAQ essentielle sur le report CSRD et CSDDD (« Stop the Clock »)

Q : Qu’est-ce que la directive « Stop the Clock » adoptée par l’Union européenne ?

R : La directive « Stop the Clock » est un texte adopté en avril 2025 par l’UE qui reporte de deux ans l’entrée en vigueur de certaines obligations de reporting extra-financier prévues par la CSRD et d’un an pour la CSDDD, afin de laisser plus de temps aux entreprises pour se préparer.

Q : Quelles entreprises sont concernées par ce report ?

R : Le report concerne principalement les grandes entreprises non cotées (vague 2) et les PME cotées (vague 3) pour la CSRD, ainsi que les grandes entreprises pour la CSDDD.

Q : Quelles sont les nouvelles échéances pour la publication des rapports CSRD ?

R : Les grandes entreprises non cotées devront publier leur premier rapport CSRD pour l’exercice 2027 (publication en 2028) et les PME cotées pour l’exercice 2028 (publication en 2029).

Q : La France applique-t-elle ce report dans sa législation nationale ?

R : Oui, la France a transposé ce report via la loi DDADUE, alignant ainsi le calendrier français sur celui de l’Union européenne.

Q : Quelles sont les obligations pour les entreprises de moins de 750 salariés ?

R : Les entreprises de moins de 750 salariés bénéficient de mesures transitoires et voient également leur obligation de reporting reportée de deux ans.

Q : Le report concerne-t-il aussi la directive CSDDD sur le devoir de vigilance ?

R : Oui, la CSDDD voit son application reportée d’un an, avec une première application prévue pour juillet 2028 pour les plus grandes entreprises.

Q : Les normes ESRS vont-elles évoluer suite à ce report ?

R : Oui, l’EFRAG a reçu mandat pour simplifier et réviser les normes ESRS d’ici fin octobre 2025, afin de les rendre plus accessibles et adaptées aux entreprises.

Q : Ce report signifie-t-il la fin des obligations de reporting extra-financier ?

R : Non, il s’agit uniquement d’un report dans le temps. Les obligations restent en vigueur, mais les entreprises disposent de plus de temps pour s’y préparer.

Q : Que doivent faire les entreprises pendant ce délai supplémentaire ?

R : Elles doivent en profiter pour se former, auditer leurs données ESG, préparer leur chaîne d’approvisionnement et renforcer leur gouvernance en matière de durabilité.

Q : Y aura-t-il une harmonisation future avec les standards internationaux (ISSB, GRI) ?

R : Une convergence est envisagée à moyen terme, mais aucune décision officielle n’a encore été prise. Les discussions sont en cours au niveau européen et international.

FAQ essentielle sur la CSRD, la CSDDD et les notions clés

Q : Qu’est-ce que la CSRD ?

R : La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) est une directive européenne qui impose aux entreprises de publier des informations détaillées sur leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Elle vise à harmoniser et renforcer le reporting extra-financier, en s’appuyant sur des normes européennes (ESRS) et le principe de double matérialité, pour améliorer la transparence et la durabilité des entreprises.

Q : Qu’est-ce que la CSDDD ?

R : La CSDDD (Corporate Sustainability Due Diligence Directive) est une directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises. Elle impose aux grandes entreprises d’identifier, prévenir, atténuer et rendre compte des impacts négatifs de leurs activités sur les droits humains et l’environnement tout au long de leur chaîne de valeur.

Q : Que signifie ESG ?

R : ESG désigne les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance utilisés pour évaluer la performance extra-financière d’une entreprise. Ces critères sont au cœur des obligations de reporting de la CSRD.

Q : Quelles entreprises sont concernées par la CSRD ?

R : La CSRD s’applique progressivement à toutes les grandes entreprises européennes, cotées ou non, ainsi qu’aux PME cotées, à l’exception des microentreprises. Au total, près de 50 000 entreprises seront concernées à terme.

Q : Qu’est-ce que la double matérialité ?

R : La double matérialité est un principe clé de la CSRD. Il oblige les entreprises à analyser à la fois l’impact de leurs activités sur la société et l’environnement (matérialité d’impact) et l’influence des enjeux de durabilité sur leur propre performance financière (matérialité financière).

Q : Qu’est-ce que le reporting extra-financier ?

R : Le reporting extra-financier désigne la publication d’informations sur les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance d’une entreprise, au-delà des seuls résultats financiers. Il vise à informer les parties prenantes sur la durabilité et la responsabilité de l’entreprise.

Q : Quelles sont les normes ESRS ?

R : Les ESRS (European Sustainability Reporting Standards) sont les normes européennes qui définissent les informations à publier dans le cadre de la CSRD. Elles couvrent les thématiques environnementales, sociales et de gouvernance et garantissent l’harmonisation du reporting au niveau européen.

Q : Qu’est-ce que la taxonomie européenne ?

R : La taxonomie européenne est un système de classification qui définit les activités économiques considérées comme durables sur le plan environnemental au sein de l’UE. Elle vise à orienter les investissements vers la transition écologique et s’articule avec la CSRD.

Q : Qu’est-ce que le SFDR ?

R : Le SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) est un règlement européen qui impose aux acteurs financiers de publier des informations sur la durabilité de leurs produits et investissements. Il complète la CSRD en renforçant la transparence sur la finance durable.

Q : Quels sont les mots clés à maîtriser pour comprendre la CSRD ?

R : Les principaux mots clés sont : CSRD, CSDDD, ESG, double matérialité, reporting extra-financier, ESRS, taxonomie européenne, SFDR, Pacte Vert, devoir de vigilance, indicateurs de durabilité, assurance indépendante, chaîne de valeur.