Définition du cumul emploi-retraite

Partir à la retraite ne signifie plus nécessairement arrêter toute activité professionnelle. En France, il est en effet possible de cumuler le versement de sa pension de retraite avec la poursuite ou la reprise d’un emploi rémunéré. Un dispositif qui offre une certaine souplesse aux seniors désireux de rester actifs tout en bénéficiant de leurs droits à la retraite.

Le cumul emploi-retraite permet ainsi à un retraité de percevoir sa pension de retraite (régimes de base et complémentaires) tout en exerçant une activité professionnelle salariée ou non. Les revenus issus de cette activité viennent alors s’ajouter au montant de la retraite.

Cependant, ce cumul n’est pas sans limite et s’accompagne de règles bien spécifiques qu’il convient de bien connaître. Car selon la situation du retraité, le cumul pourra être intégral, c’est-à-dire sans plafond de revenus, ou au contraire plafonné.

Dans le cas d’un cumul plafonné, le total des revenus perçus (pension de retraite + revenus d’activité) ne devra pas dépasser un certain seuil, au risque de voir sa pension amputée. Des règles différentes s’appliquent également pour les anciens fonctionnaires.

La réforme des retraites de 2023 a par ailleurs légèrement modifié le dispositif du cumul emploi-retraite. Elle permet désormais d’acquérir de nouveaux droits à la retraite, chose qui n’était pas possible auparavant lors d’une reprise d’activité après la liquidation de sa pension.

Bien préparer son cumul emploi-retraite est donc essentiel pour en optimiser les avantages financiers sans tomber dans les écueils réglementaires. Cela passe par une bonne compréhension des différents cas de figure et des conditions à remplir selon sa situation personnelle.

Car si ce dispositif offre une réelle souplesse pour les seniors qui le souhaitent, il n’en reste pas moins complexe à appréhender dans toutes ses subtilités. Décryptage complet des règles et des changements introduits par la réforme de 2023.

Conditions générales du cumul emploi-retraite

Avant d’entrer dans les détails techniques, il convient de bien comprendre les grands principes qui régissent le dispositif du cumul emploi-retraite en France. Celui-ci repose sur une distinction majeure entre deux cas de figure : le cumul intégral et le cumul plafonné.

Cumul intégral ou cumul plafonné ?

Dans le cas du cumul intégral, le retraité peut cumuler sans aucune limite l’intégralité de sa pension de retraite avec les revenus d’une activité professionnelle. Ses revenus totaux ne sont alors soumis à aucun plafond.

A l’inverse, dans la situation d’un cumul plafonné, le total des revenus perçus par le retraité (pension + revenus d’activité) ne devra pas dépasser un certain plafond fixé par la réglementation. En cas de dépassement, c’est le montant de la pension de retraite qui sera réduit à due concurrence.

Mais dans quels cas bénéficie-t-on du cumul intégral ou du cumul plafonné ? Tout va dépendre de l’âge du retraité et du fait qu’il ait liquidé ou non l’ensemble de ses pensions de retraite.

Conditions du cumul intégral

Pour pouvoir bénéficier du cumul intégral sans aucun plafond de revenus, le retraité doit remplir deux conditions cumulatives :

  1. Avoir obtenu l’ensemble de ses pensions de retraite, aussi bien au régime de base (par exemple la pension de retraite de base de la Sécurité sociale pour les salariés du privé) que les éventuelles retraites complémentaires (Agirc-Arrco, retraites complémentaires des professions libérales, etc.)
  2. Avoir atteint l’âge légal du taux plein automatique, c’est-à-dire 67 ans pour les personnes nées à partir de 1973 selon la réforme 2023.

A partir de cet âge de 67 ans et à condition d’avoir obtenu toutes ses pensions, le retraité peut donc cumuler intégralement et sans limite ses revenus de retraite et d’activité.

Avant cet âge du taux plein automatique ou si toutes les pensions n’ont pas été liquidées, c’est le régime du cumul plafonné qui s’applique.

Le tableau ci-dessous résume ces conditions du cumul intégral :

Conditions cumulativesCumul intégral
Avoir obtenu toutes les pensionsOUI
Avoir 67 ans (taux plein automatique)OUI

Bien évidemment, ces règles générales comportent quelques aménagements selon les situations particulières, comme nous le verrons par la suite pour le cas spécifique des fonctionnaires. Mais elles permettent de bien cerner les grands principes du cumul emploi-retraite.

Le cumul intégral sans plafond de revenus

Pouvoir cumuler intégralement sa pension de retraite avec des revenus d’activité, sans aucune limite, représente évidemment l’option la plus avantageuse financièrement pour les retraités désireux de rester actifs. Mais pour en bénéficier, il faut impérativement remplir les deux conditions cumulatives que nous avons vues précédemment.

Les avantages du cumul intégral

Le principal intérêt du cumul intégral réside bien sûr dans l’absence totale de plafond sur les revenus cumulés. Le retraité peut ainsi poursuivre ou reprendre une activité professionnelle sans aucune limite de rémunération. Concrètement, ses revenus totaux seront constitués de :

  • L’intégralité de sa pension de retraite (régimes de base + complémentaires)
  • Les revenus perçus au titre de son activité professionnelle (salaires, honoraires, BIC/BNC, etc.)

Et ce, quels que soient les niveaux respectifs de la pension et des revenus d’activité. Aucun plafonnement n’est appliqué sur le total .Cette possibilité de cumuler intégralement présente plusieurs avantages non négligeables :

  • Maintien du niveau de vie : en cumulant retraite et revenus d’activité, le retraité peut au minimum conserver son niveau de vie antérieur, voire l’améliorer.
  • Optimisation fiscale : les revenus d’activité sont soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu, tandis que les pensions de retraite sont elles soumises à un prélèvement forfaitaire de 30%. Le cumul permet de lisser la fiscalité.
  • Poursuite d’une activité épanouissante : possibilité de rester actif dans un emploi valorisant sans perte de revenus.
  • Transmission des compétences : l’activité peut permettre de former de nouveaux collaborateurs.

Cependant, pour bénéficier de cette situation idéale du cumul intégral, il faut absolument respecter les conditions d’âge (67 ans) et de liquidation de toutes les pensions de retraite.

Respecter les conditions du cumul intégral

Pour rappel, les deux conditions cumulatives à remplir pour le cumul intégral sont :

  1. Avoir obtenu l’ensemble des pensions de retraite (de base et complémentaires)
  2. Avoir atteint l’âge légal du taux plein automatique, soit 67 ans

Si la première condition semble assez simple à vérifier, la seconde mérite quelques précisions sur la définition de l’âge du taux plein automatique.

Cet âge de 67 ans correspond à l’âge à partir duquel il n’y a plus de décote appliquée sur le montant de la pension de retraite, même en cas de départ avant d’avoir atteint le nombre de trimestres requis pour le taux plein.

Mais attention, il ne faut pas le confondre avec l’âge légal de départ à la retraite, qui sera progressivement repoussé à 64 ans d’ici 2030. À 64 ans, le taux plein ne sera obtenu qu’en fonction de la durée d’assurance validée.

Le tableau ci-dessous résume la différence entre ces deux âges importants :

ÂgeDéfinition
64 ansÂge légal de départ à la retraite (à partir de 2030)
67 ansÂge du taux plein automatique (sans décote)

C’est donc bien l’âge des 67 ans qui conditionne la possibilité du cumul intégral emploi-retraite sans plafond de revenus. En deçà, le cumul restera plafonné selon les règles que nous verrons dans la partie suivante.

Enfin, pour bien préparer son cumul intégral, il est recommandé d’effectuer ses démarches de demande de retraite au moins 6 mois à l’avance auprès de la caisse de retraite compétente (CNAV pour le régime général, CNRACL pour les fonctionnaires, etc.)

Le cumul plafonné

Si les conditions du cumul intégral ne sont pas remplies, le retraité se trouve alors dans le cas de figure d’un cumul emploi-retraite plafonné. Ses revenus totaux ne pourront alors pas dépasser un certain plafond fixé par la réglementation.

Les cas concernés par le cumul plafonné

Deux situations principales conduisent à l’application d’un cumul plafonné :

  1. Le retraité n’a pas encore atteint l’âge du taux plein automatique (67 ans)
  2. Le retraité n’a pas encore obtenu l’ensemble de ses pensions de retraite (de base et complémentaires)

Dès lors que l’une de ces deux conditions n’est pas remplie, c’est obligatoirement le régime du cumul plafonné qui s’applique. Le tableau ci-dessous résume ces cas de figure :

Conditions non rempliesCumul plafonné
Âge < 67 ansOUI
Toutes les pensions non obtenuesOUI

À titre d’exemple, un retraité de 63 ans ayant liquidé sa retraite de base mais pas encore ses retraites complémentaires se trouvera dans un cas de cumul plafonné .De même, un retraité de 65 ans ayant obtenu toutes ses pensions sera également soumis au plafonnement, puisqu’il n’a pas encore atteint l’âge du taux plein automatique.

Modalités de calcul du plafond

Mais comment se calcule exactement ce fameux plafond dans le cadre d’un cumul plafonné ? La règle générale est la suivante :Le total des revenus perçus par le retraité (pension de retraite + revenus d’activité) ne doit pas dépasser un plafond correspondant au dernier revenu d’activité annuel avant le départ à la retraite, revalorisé. Concrètement, on applique la formule suivante : Plafond de revenus = Dernier revenu d’activité annuel x Coefficient de revalorisation. Le coefficient de revalorisation est fixé chaque année par les pouvoirs publics. Pour 2023, il est de 1,08.Prenons un exemple chiffré :

  • Dernier revenu d’activité en 2022 : 35 000€
  • Pension de retraite en 2023 : 18 000€
  • Revenus d’activité en 2023 : 25 000€

Le plafond 2023 sera de :
35 000 x 1,08 = 37 800€Soit un total de 18 000 + 25 000 = 43 000€, supérieur au plafond.

Dans ce cas de dépassement du plafond, c’est le montant de la pension de retraite qui sera réduit du montant dépassant le plafond. Ici, la pension serait ramenée à 12 800€ (43 000 – 37 800)

Bien que complexe, ce mode de calcul du plafond vise à garantir que le retraité ne perçoive pas une rémunération totale supérieure à son dernier revenu d’activité avant la retraite. Ce système présente donc certains inconvénients pour les retraités concernés.

Cas particulier des fonctionnaires

Si les grands principes du cumul emploi-retraite (intégral ou plafonné) s’appliquent aussi bien aux salariés du privé qu’aux agents du secteur public, quelques spécificités sont à prendre en compte pour les fonctionnaires. Des règles qui ont d’ailleurs été légèrement modifiées par la réforme des retraites de 2023.

Les anciennes règles jusqu’en 2023

Avant l’entrée en vigueur de la réforme 2023, les fonctionnaires bénéficiaient d’un régime un peu plus avantageux en matière de cumul emploi-retraite.

Pour eux, le cumul intégral sans plafond de revenus était possible dès lors qu’ils avaient atteint l’âge d’obtention du taux plein, sans avoir à attendre l’âge du taux plein automatique (67 ans).Le taux plein correspondant au nombre de trimestres requis (aujourd’hui 172 trimestres dans le secteur public), un fonctionnaire pouvait ainsi cumuler intégralement sa pension et des revenus d’activité dès 62 ou 63 ans selon sa durée de cotisation.

Le tableau ci-dessous résume l’ancienne règle pour les fonctionnaires :

ConditionsCumul intégral
Avoir le taux plein (172 trimestres)OUI
Avoir 67 ansNON REQUIS

À défaut de remplir cette condition du taux plein, le fonctionnaire se trouvait alors dans le cas d’un cumul plafonné, selon les mêmes modalités que pour les salariés du privé (plafond = dernier revenu d’activité revalorisé).

Les nouvelles règles depuis 2023

Avec la réforme des retraites 2023, ce régime spécifique pour les fonctionnaires a été supprimé. Désormais, les mêmes règles de cumul emploi-retraite que dans le secteur privé s’appliquent.

Pour bénéficier du cumul intégral, un fonctionnaire devra donc obligatoirement avoir atteint l’âge du taux plein automatique (67 ans) et avoir obtenu l’ensemble de ses pensions de retraite (régime de base et complémentaires).Le tableau comparatif ci-dessous résume bien ce changement de règles :

Conditions cumulativesAvant 2023À partir de 2023
Avoir le taux pleinOUINON
Avoir 67 ansNONOUI
Avoir toutes les pensionsOUI

Concrètement, ce durcissement des conditions du cumul intégral aura pour effet de reporter l’âge auquel les fonctionnaires pourront cumuler sans plafond leur retraite et des revenus d’activité.

Prenons l’exemple d’un fonctionnaire ayant validé le taux plein (172 trimestres) à 62 ans. Avant 2023, il pouvait dès cet âge cumuler intégralement. Désormais, il devra attendre ses 67 ans pour bénéficier du cumul sans plafond.

Cette réforme s’inscrit dans la logique d’alignement progressif des règles entre secteur public et secteur privé. Elle vise à mettre fin à un régime considéré comme trop avantageux pour les fonctionnaires en matière de cumul emploi-retraite.

Reste à voir si ce nouveau cadre réglementaire, plus strict, n’aura pas pour effet de décourager certains fonctionnaires de poursuivre une activité après leur départ à la retraite.

Acquisition de nouveaux droits à la retraite

Outre les changements sur les règles de cumul intégral ou plafonné, la réforme des retraites 2023 a également modifié le dispositif sur un autre aspect important : la possibilité d’acquérir de nouveaux droits à la retraite lors d’une reprise d’activité après le départ en retraite.

Avant 2023 : pas de nouveaux droits

Jusqu’à présent, le cadre réglementaire ne permettait pas à un retraité reprenant une activité professionnelle d’acquérir de nouveaux droits à la retraite au titre de cette activité. Seule sa pension initiale déjà liquidée était prise en compte.

Concrètement, un retraité salarié qui reprenait un emploi après sa retraite ne générait pas de nouveaux trimestres pour le calcul d’une éventuelle retraite complémentaire. Ses revenus d’activité n’étaient pas non plus pris en compte pour le calcul de sa pension de base.

Cette situation pouvait être vécue comme une forme d’injustice par certains retraités, qui estimaient légitime de pouvoir accumuler de nouveaux droits en contrepartie de leur activité et des cotisations versées.

À partir de 2023 : acquisition de nouveaux droits

C’est désormais chose faite avec la réforme 2023. Celle-ci prévoit en effet que les retraités reprenant une activité professionnelle pourront acquérir de nouveaux droits à la retraite, qui donneront lieu au versement d’une seconde pension distincte de la première .Ainsi, un retraité salarié qui reprendra un emploi après 2023 pourra :

  • Valider de nouveaux trimestres pour le calcul d’une retraite complémentaire (Agirc-Arrco)
  • Voir ses revenus d’activité pris en compte pour le calcul d’une nouvelle pension de retraite de base

De même, un retraité travailleur indépendant (artisan, commerçant, profession libérale) pourra acquérir de nouveaux droits pour une seconde retraite complémentaire.

Cette réforme s’appliquera de manière rétroactive pour toute reprise d’activité intervenue après le 1er janvier 2023.

Bien évidemment, le montant de cette seconde pension sera calculé au prorata de la durée d’activité effectuée et des revenus perçus après la première retraite. Elle viendra donc s’ajouter à la première pension.

Un nouveau droit à double tranchant

Si cette réforme permet de répondre à une demande de plus d’équité pour les retraités reprenant une activité, elle soulève cependant quelques interrogations.

En effet, l’acquisition de nouveaux droits impliquera mécaniquement de nouvelles charges pour les régimes de retraite, qui devront verser ces nouvelles pensions en plus des premières. Un surcoût qui pourrait à terme fragiliser un système déjà déficitaire.

De plus, le fait de cumuler deux pensions distinctes pourrait avoir des impacts sur le plan fiscal ou en matière de prélèvements sociaux, avec un risque de « double imposition » pour les retraités concernés.

Autant d’effets qu’il conviendra d’analyser dans les prochaines années, une fois que ce nouveau dispositif sera entré en vigueur et que les premiers dossiers de « retraite bis » seront ouverts.

Conseils et démarches pour bien préparer son cumul

Comme nous l’avons vu tout au long de cet article, le dispositif du cumul emploi-retraite est loin d’être simple et comporte de nombreuses subtilités réglementaires. Pour en optimiser les avantages financiers sans tomber dans les écueils, il est essentiel de bien préparer et anticiper cette étape.

Faire le point sur sa situation

La première chose à faire est de bien faire le point sur sa situation personnelle au regard des conditions du cumul intégral ou plafonné. Cela passe par les questions suivantes :

  • Ai-je liquidé l’ensemble de mes pensions de retraite (de base et complémentaires) ?
  • Ai-je atteint ou vais-je atteindre l’âge du taux plein automatique (67 ans) ?
  • Si non, à quelle date ce sera le cas ?

Les réponses à ces questions vous permettront de déterminer si vous pourrez bénéficier du cumul intégral sans plafond ou si vous serez dans le cas d’un cumul plafonné.

Il peut être judicieux de solliciter l’aide de votre caisse de retraite (CNAV, CNRACL, etc.) ou d’un conseiller retraite pour faire ce point de situation et bien cerner votre cas de figure.

Anticiper les démarches auprès des caisses

Qu’il s’agisse d’un cumul intégral ou plafonné, il est vivement recommandé d’anticiper vos démarches auprès de votre/vos caisse(s) de retraite pour préparer au mieux votre cumul.

Dans l’idéal, vous devez entamer ces démarches 6 mois à 1 an avant la date prévisionnelle de départ à la retraite ou d’atteinte de l’âge du taux plein automatique.

Cela vous permettra d’avoir une visibilité précise sur le montant de votre future pension, les dates de versement, et de pouvoir ajuster au mieux la reprise ou la poursuite de votre activité professionnelle.

N’hésitez pas à demander une estimation de pension à votre caisse, qui pourra vous indiquer si vous remplissez les conditions du cumul intégral ou plafonné.

Évaluer l’impact fiscal et social

Autre point essentiel à prendre en compte : l’impact fiscal et social du cumul emploi-retraite sur votre situation globale. Selon les niveaux de revenus en jeu, vous pourriez vous retrouver avec une fiscalité plus lourde ou une remise en cause de certaines prestations sociales.

Sur le plan fiscal, il faudra additionner vos revenus de retraite (soumis au prélèvement forfaitaire de 30%) et vos revenus d’activité (soumis au barème de l’impôt sur le revenu). Le cumul pourrait vous faire basculer dans une tranche marginale d’imposition plus élevée.

De même, le dépassement de certains plafonds de ressources pourrait remettre en cause vos droits à certaines prestations comme l’allocation logement, la complémentaire santé solidaire, etc.

Il peut donc être judicieux de faire une simulation précise de votre situation fiscale et sociale en intégrant les revenus cumulés de retraite et d’activité. Votre conseiller retraite ou un professionnel du conseil fiscal pourront vous y aider.

Choisir le bon moment

Enfin, si vous avez la possibilité de choisir le moment de votre départ à la retraite, il peut être stratégique de bien définir la date la plus avantageuse au regard de votre situation personnelle et professionnelle.

Par exemple, si vous êtes salarié dans le privé, il peut être plus intéressant de partir à la retraite en fin d’année civile pour bénéficier dès janvier de l’année suivante du cumul intégral sans plafond (à condition d’avoir 67 ans et toutes vos pensions).À l’inverse, un départ en cours d’année civile vous exposera au risque d’un cumul plafonné sur les premiers mois.

De même, si vous êtes travailleur indépendant, mieux vaudra peut-être clôturer votre activité en début d’année pour maximiser vos revenus professionnels cette année-là avant le basculement en cumul.

Autant de paramètres à prendre en compte pour choisir la période la plus propice pour votre départ à la retraite et l’éventuelle poursuite de votre activité en cumul.

En définitive, bien préparer son cumul emploi-retraite est un véritable casse-tête qui nécessite d’anticiper, de bien évaluer sa situation au regard de la réglementation complexe, et de se faire conseiller par des professionnels. Mais un exercice indispensable pour optimiser cette nouvelle étape de vie.

Conclusion : un dispositif souple mais complexe

Le cumul emploi-retraite offre incontestablement une réelle souplesse aux seniors qui souhaitent poursuivre ou reprendre une activité professionnelle après leur départ à la retraite. Une opportunité de conserver un niveau de vie confortable tout en restant actif et épanoui dans un emploi.

Mais comme nous l’avons vu tout au long de cet article, ce dispositif réglementaire n’en reste pas moins d’une grande complexité, avec de nombreuses subtilités à prendre en compte selon les situations individuelles. Entre cumul intégral et cumul plafonné, conditions d’âge et de liquidation des pensions, spécificités pour les fonctionnaires, acquisition de nouveaux droits, etc. les cas de figure sont multiples.

Cette complexité réglementaire représente d’ailleurs l’un des principaux freins à la mise en œuvre du cumul emploi-retraite. Bien en cerner tous les tenants et aboutissants demande une réelle expertise que tous les futurs retraités ne maîtrisent pas nécessairement. Se faire accompagner par un professionnel du conseil retraite peut alors s’avérer indispensable.

Au-delà de ces aspects techniques, la réforme 2023 a également fait évoluer le dispositif sur certains points clés comme l’alignement des règles entre public et privé ou l’acquisition de nouveaux droits à la retraite. Des changements qui auront nécessairement un impact pour les futurs bénéficiaires du cumul.

Il conviendra d’ailleurs d’être attentif aux éventuels effets pervers de cette réforme, comme le risque de double imposition fiscale sur les nouvelles retraites ou encore le surcoût pour les régimes de retraite déjà déficitaires.

Mais malgré ces complexités, le cumul emploi-retraite n’en reste pas moins un outil précieux pour s’adapter aux nouvelles réalités économiques et sociétales. Avec l’allongement de l’espérance de vie et la nécessité de travailler plus longtemps, ce dispositif permet une transition en douceur entre vie active et retraite.

À condition bien sûr de bien l’anticiper et de se faire accompagner pour en maîtriser tous les ressorts. Une préparation en amont indispensable pour aborder cette nouvelle étape dans les meilleures conditions et en toute sérénité financière.

Ce qu’il faut retenir

Définition et principes généraux

  • Possibilité de cumuler une pension de retraite avec des revenus d’activité
  • Distinction entre cumul intégral (sans plafond) et cumul plafonné

Conditions du cumul intégral

  • Avoir obtenu toutes les pensions de retraite
  • Avoir 67 ans (âge du taux plein automatique)

Avantages du cumul intégral

  • Maintien du niveau de vie
  • Optimisation fiscale
  • Poursuite d’une activité épanouissante
  • Transmission des compétences

Cas du cumul plafonné

  • Si conditions du cumul intégral non remplies
  • Plafond = dernier revenu d’activité revalorisé
  • Réduction de la pension en cas de dépassement

Spécificités des fonctionnaires

  • Avant 2023 : cumul intégral dès le taux plein (sans attendre 67 ans)
  • Depuis 2023 : alignement sur les règles du privé

Acquisition de nouveaux droits

  • Avant 2023 : pas de nouveaux droits
  • Depuis 2023 : possibilité d’une 2nde pension

Conseils de préparation

  • Faire le point sur sa situation
  • Anticiper les démarches auprès des caisses
  • Évaluer l’impact fiscal et social
  • Choisir le bon moment de départ

Enjeux et défis

  • Complexité réglementaire
  • Risque de double imposition fiscale
  • Surcoût pour les régimes de retraite
  • Accompagnement indispensable

En définitive, un dispositif souple mais dont la complexité nécessite une préparation en amont pour bien en maîtriser tous les tenants et aboutissants.

Questions & réponses

Comment cela se passe avec le Compte Personnel de Formation (CPF) lorsqu’on est en cumul emploi-retraite (CER) et les démarches à effectuer pour conserver son budget CPF ?

Lorsqu’une personne part à la retraite à taux plein sans décote ou atteint l’âge légal de départ à la retraite (67 ans), son CPF est normalement « gelé ». Cela signifie qu’il n’est plus alimenté et que les crédits disponibles ne sont plus mobilisables pour suivre une formation.

Cependant, il existe une exception pour les personnes qui liquident leur retraite avec décote et souhaitent reprendre une activité dans le cadre d’un cumul emploi-retraite (CER). Dans ce cas précis, il est possible de réactiver son CPF et d’utiliser les crédits acquis avant le départ en retraite pour se former. Pour conserver son budget CPF en situation de CER, il faut donc suivre ces étapes :

  1. Liquider sa retraite avec décote, c’est-à-dire avant d’avoir atteint l’âge du taux plein automatique (67 ans) ou le nombre de trimestres requis pour le taux plein.
  2. Reprendre une activité professionnelle en cumul avec sa pension de retraite.
  3. Faire une demande de réactivation de son CPF auprès de l’organisme gestionnaire (Caisse des dépôts).
  4. S’inscrire à une formation éligible au CPF avant la date effective de départ à la retraite, même si la formation a lieu après. C’est la date d’inscription qui compte pour mobiliser les crédits CPF. 

En réactivant ainsi son CPF, le retraité en CER pourra non seulement utiliser les crédits acquis avant son départ, mais également en acquérir de nouveaux grâce à sa nouvelle activité professionnelle.  C’est donc une démarche à bien anticiper avant la liquidation de sa retraite si on souhaite conserver la possibilité d’utiliser son budget CPF dans le cadre d’un cumul emploi-retraite.

Existe-t-il des sites dédiés à l’emploi des séniors ?

  1. Emploi.org propose une rubrique dédiée aux sites spécialisés dans la recherche d’emplois pour les seniors1. Quelques exemples de sites mentionnés :
    • Emploisenior.net
    • Job Emploi Sénior
    • Job Retraite
    • Seniors en ligne
    • Seniors à votre service
  2. Emploisenior.net est un site dédié aux offres d’emploi, temps partiels et services pour les seniors et retraités qui cherchent un complément de revenu ou à garder un lien social.
  3. Le site pole-emploi.fr propose également de nombreuses offres d’emploi avec le mot-clé « senior ».
  4. Seniorjob.fr se présente comme le site emploi de référence pour les seniors, avec des offres d’emploi, la possibilité d’envoyer son CV et de participer à des journées de recrutement.
  5. Teepy-job.com se décrit comme le n°1 de l’emploi des 50 ans et plus, dédié aux seniors et retraités actifs, avec des offres en temps complet, partiel, télétravail ou en cumul emploi-retraite.

Ces différents sites web proposent donc des services spécifiquement conçus pour aider les seniors et retraités à trouver un emploi, un complément de revenu ou des missions en accord avec leurs compétences et leur expérience. Ils facilitent la mise en relation avec des employeurs à la recherche de profils seniors.