Comprendre la retraite en France en 2025 : Guide pour les salariés

La retraite est une étape dans la vie professionnelle de chaque salarié. En France, le système de retraite a connu des évolutions significatives ces dernières années, avec des changements importants prévus pour 2025. Cet article vise à fournir un guide complet et détaillé sur la retraite en France en 2025, en abordant les aspects essentiels tels que l’âge légal de départ, les types de départ, les indemnités, et les nouvelles dispositions en vigueur.

L’âge légal de départ à la retraite en 2025

L’une des modifications majeures du système de retraite français concerne l’âge légal de départ. Depuis le 1er septembre 2023, cet âge a été progressivement repoussé :

  • 62 ans pour les personnes nées entre le 01/01/1955 et le 31/08/1961
  • Augmentation progressive de 62 à 64 ans pour les personnes nées à partir du 01/09/1961
  • 64 ans pour les personnes nées à partir du 01/01/1968

Cette évolution vise à adapter le système de retraite à l’allongement de l’espérance de vie et à assurer sa pérennité financière. Il est important de noter que cette réforme a suscité de nombreux débats et controverses dans la société française, certains arguant qu’elle pénalise les travailleurs ayant commencé leur carrière tôt ou exerçant des métiers pénibles.

La retraite à taux plein

Pour bénéficier d’une pension à taux plein, les salariés doivent justifier d’un nombre suffisant de trimestres cotisés. Ce nombre varie en fonction de l’année de naissance du salarié. Par exemple, pour les personnes nées en 1973 et après, il faut justifier de 172 trimestres (soit 43 ans) pour obtenir une retraite à taux plein.

Cependant, il est important de noter qu’à partir de 67 ans, la pension est automatiquement calculée à taux plein, quel que soit le nombre de trimestres cotisés. Cette disposition protège les salariés ayant eu des carrières incomplètes ou discontinues, notamment les femmes qui ont souvent des parcours professionnels plus fragmentés en raison des interruptions liées à la maternité et à l’éducation des enfants.

Impact sur les différentes générations

L’évolution de l’âge légal de départ à la retraite a un impact différent selon les générations :

  • Pour les baby-boomers (nés entre 1946 et 1964) : La plupart sont déjà à la retraite ou sur le point de l’être. Ils ont généralement bénéficié de conditions plus favorables.
  • Pour la génération X (nés entre 1965 et 1980) : Ils sont les plus touchés par la réforme, devant travailler plus longtemps que prévu initialement.
  • Pour les millennials (nés entre 1981 et 1996) : Ils doivent anticiper une carrière plus longue et potentiellement diversifiée.
  • Pour la génération Z (nés après 1997) : Ils entrent dans un marché du travail où la flexibilité et l’adaptabilité sont cruciales, avec la perspective d’une retraite plus tardive.

Les différents types de départ à la retraite

La mise à la retraite par l’employeur

La mise à la retraite par l’employeur est soumise à des règles strictes :

  • Elle est possible d’office à 70 ans
  • Entre 67 et 69 ans, l’accord du salarié est nécessaire
  • Une procédure spécifique doit être suivie pour les salariés de moins de 70 ans
  • Un préavis obligatoire, d’une durée similaire à celle d’un licenciement, doit être respecté

Il est important de souligner que toute clause du contrat de travail prévoyant une rupture automatique du contrat en raison de l’âge du salarié (communément appelée « clause couperet ») est nulle. Si une telle clause est mise en œuvre, elle peut conduire à la requalification de la rupture du contrat de travail en un licenciement nul, avec les conséquences indemnitaires qui en découlent.

La mise à la retraite par l’employeur doit respecter une procédure précise :

  1. L’employeur doit interroger le salarié, par écrit, sur son intention de quitter volontairement l’entreprise pour bénéficier d’une pension de retraite.
  2. Cette interrogation doit être faite au moins 3 mois avant que le salarié atteigne l’âge de 67 ans.
  3. Le salarié a un mois pour répondre.
  4. En cas de refus du salarié, l’employeur ne peut pas le mettre à la retraite pendant l’année qui suit.
  5. La même procédure peut être répétée chaque année jusqu’aux 69 ans du salarié.

Le départ volontaire à la retraite

Le départ volontaire à la retraite est une décision prise par le salarié ayant atteint l’âge légal de départ. Voici les points essentiels à retenir :

  • Le salarié ne peut pas être contraint de quitter l’entreprise
  • Un préavis équivalent à celui d’un licenciement doit être respecté
  • La demande peut être faite en ligne sur le site « Info Retraite »

Il est important de noter que si un salarié décide de partir à la retraite avant l’âge légal, la rupture du contrat de travail sera considérée comme une démission.Le départ volontaire à la retraite offre plusieurs avantages au salarié :

  • La liberté de choisir le moment de son départ
  • La possibilité de négocier des conditions de départ plus favorables avec l’employeur
  • L’opportunité de préparer sereinement sa transition vers la retraite

Cependant, il comporte aussi des inconvénients potentiels :

  • Une pension potentiellement réduite si tous les trimestres nécessaires n’ont pas été cotisés
  • Des indemnités de départ généralement moins avantageuses que celles d’une mise à la retraite par l’employeur

Les indemnités de départ à la retraite

L’indemnité de mise à la retraite

Lorsqu’un employeur décide de mettre un salarié à la retraite, une indemnité spécifique doit être versée. Cette indemnité est calculée de la manière suivante :

  • 1/4 de mois de salaire par année d’ancienneté pour les 10 premières années
  • 1/3 de mois de salaire par année d’ancienneté à partir de la 11ème année

Le salaire de référence utilisé pour ce calcul est le plus avantageux entre le tiers des 3 derniers mois ou le douzième des 12 derniers mois de rémunération.

Il est important de noter que ces montants sont des minimums légaux. Des dispositions plus favorables peuvent être prévues par la convention collective, un accord collectif ou le contrat de travail. Il est donc essentiel pour le salarié de vérifier les dispositions applicables dans son entreprise.

L’indemnité de départ volontaire à la retraite

Pour un départ volontaire à la retraite, le salarié a droit à une indemnité si son ancienneté dans l’entreprise est d’au moins 10 ans. Le montant de cette indemnité est fixé par la loi comme suit :

  • 0,5 mois de salaire pour une ancienneté d’au moins 10 ans
  • 1 mois de salaire pour une ancienneté d’au moins 15 ans
  • 1,5 mois de salaire pour une ancienneté d’au moins 20 ans
  • 2 mois de salaire pour une ancienneté d’au moins 30 ans

Comme pour l’indemnité de mise à la retraite, ces montants sont des minimums légaux et des dispositions plus favorables peuvent être prévues par la convention collective, un accord collectif ou le contrat de travail.

Comparaison des indemnités

Il est important de noter la différence significative entre l’indemnité de mise à la retraite et l’indemnité de départ volontaire. L’indemnité de mise à la retraite est généralement plus avantageuse pour le salarié. Par exemple, pour un salarié ayant 30 ans d’ancienneté :

  • L’indemnité de mise à la retraite serait de 8,33 mois de salaire (2,5 mois pour les 10 premières années + 5,83 mois pour les 20 années suivantes)
  • L’indemnité de départ volontaire serait de 2 mois de salaire

Cette différence significative peut influencer la décision du salarié quant au moment et à la manière de partir à la retraite.

Le régime social et fiscal des indemnités de retraite

Régime social et fiscal de l’indemnité de mise à la retraite

L’indemnité de mise à la retraite bénéficie d’un régime social et fiscal particulier :

  • Une contribution spécifique de 30% est appliquée sur la part exclue de l’assiette des cotisations de Sécurité sociale
  • La fraction correspondant à l’indemnité légale ou conventionnelle est exonérée d’impôt sur le revenu, dans la limite des plafonds prévus

Ces plafonds sont les suivants :

  • Soit deux fois le montant de la rémunération annuelle brute perçue par le salarié au cours de l’année civile précédant la rupture du contrat de travail, dans la limite de 6 fois le plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS)
  • Soit 50% du montant de l’indemnité si ce seuil est supérieur, dans la limite de 6 fois le PASS

Régime social et fiscal de l’indemnité de départ volontaire

Le traitement social et fiscal de l’indemnité de départ volontaire est moins avantageux :

  • Elle est généralement assujettie intégralement aux cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu
  • Des exceptions peuvent s’appliquer dans le cadre d’un Plan de Sauvegarde de l’Emploi

Il est important de noter que le régime fiscal et social des indemnités de retraite peut avoir un impact significatif sur le montant net perçu par le salarié. Il est donc recommandé de faire une simulation précise avant de prendre une décision de départ à la retraite.

Les évolutions et réformes en 2025

Comme mentionné précédemment, l’âge légal de départ à la retraite est désormais fixé à 64 ans pour les personnes nées à partir du 1er janvier 1968. Cependant, des mécanismes de départ anticipé sont maintenus pour :

  • Les carrières longues (départ possible dès 58 ou 60 ans selon la durée de cotisation)
  • Les métiers pénibles ou exposés à des risques spécifiques

Ces dispositifs de départ anticipé sont essentiels pour prendre en compte la diversité des parcours professionnels et l’impact différencié du travail sur la santé selon les métiers.

Retraite à taux plein automatique

Même si l’âge légal de départ est fixé à 64 ans, une pension à taux plein automatique est garantie à partir de 67 ans, quel que soit le nombre de trimestres cotisés. Cette disposition protège les salariés ayant eu des carrières courtes ou discontinues.

Durée de cotisation

La durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein a également évolué. Pour les personnes nées à partir de 1973, elle est fixée à 172 trimestres, soit 43 ans de cotisation. Il est important pour les salariés de se renseigner auprès de leur caisse de retraite pour connaître le nombre exact de trimestres requis en fonction de leur année de naissance.

Réforme des régimes spéciaux

La réforme des retraites de 2023 prévoit également la suppression progressive des régimes spéciaux pour les nouveaux entrants. Cette mesure vise à harmoniser les règles entre les différents secteurs d’activité, mais soulève des questions sur l’équité entre les générations et la prise en compte des spécificités de certains métiers.

Préparer son départ à la retraite

Anticiper et s’informer

La préparation du départ à la retraite est une étape cruciale qui nécessite une anticipation et une bonne information. Il est recommandé de :

  • Faire un point sur sa carrière et ses droits à la retraite plusieurs années avant l’âge légal de départ
  • Utiliser les outils de simulation mis à disposition par les caisses de retraite
  • Se renseigner sur les dispositifs de cumul emploi-retraite ou de retraite progressive

Il est particulièrement important de vérifier la complétude de son relevé de carrière et de signaler toute anomalie ou période manquante à sa caisse de retraite. Cela peut avoir un impact significatif sur le montant de la pension.

L’épargne retraite complémentaire

Dans un contexte de réformes successives du système de retraite, l’épargne volontaire devient un complément indispensable pour de nombreux actifs. Le Plan d’Épargne Retraite (PER) est un produit particulièrement adapté pour se constituer un complément de revenu pour la retraite.Le PER offre plusieurs avantages :

  • Une déductibilité des versements du revenu imposable (dans certaines limites)
  • Une sortie possible en capital ou en rente au moment de la retraite
  • Une possibilité de déblocage anticipé dans certains cas (achat de la résidence principale, invalidité, etc.)

Il est recommandé de commencer à épargner le plus tôt possible pour bénéficier de l’effet des intérêts composés sur le long terme.

Bilan de compétences et formation

La préparation à la retraite peut aussi être l’occasion de faire un bilan de compétences et d’envisager une formation. Cela peut permettre :

  • De se réorienter vers un poste moins pénible en fin de carrière
  • D’acquérir de nouvelles compétences pour une éventuelle activité post-retraite
  • De préparer une transition en douceur vers la retraite

Les démarches pour partir à la retraite

Demande de liquidation de la pension

La demande de liquidation de la pension de retraite doit être effectuée auprès de la caisse de retraite dont dépend le salarié. Cette démarche peut désormais être réalisée en ligne sur le site « Info Retraite ».

Il est recommandé d’initier cette démarche environ 6 mois avant la date de départ souhaitée.

Préavis de départ

Que ce soit dans le cadre d’un départ volontaire ou d’une mise à la retraite, un préavis doit être respecté. La durée de ce préavis est généralement équivalente à celle prévue en cas de licenciement. Elle varie selon l’ancienneté du salarié et la convention collective applicable :

  • Pour une ancienneté inférieure à 6 mois : préavis d’un mois
  • Pour une ancienneté entre 6 mois et 2 ans : préavis de deux mois
  • Pour une ancienneté supérieure à 2 ans : préavis de trois mois

Il est important de noter que certaines conventions collectives peuvent prévoir des durées de préavis plus longues, notamment pour les cadres.

Cas particuliers et dispositifs spécifiques

Retraite anticipée

Certains dispositifs permettent un départ à la retraite avant l’âge légal :

  1. Carrières longues : Ce dispositif permet aux salariés ayant commencé à travailler très jeunes de partir à la retraite avant l’âge légal. Les conditions sont :
    • Avoir commencé à travailler avant 20 ans
    • Justifier d’une durée d’assurance cotisée suffisante
  2. Travailleurs handicapés : Les personnes en situation de handicap peuvent bénéficier d’un départ anticipé à la retraite sous certaines conditions :
    • Justifier d’un taux d’incapacité permanente d’au moins 50%
    • Avoir une durée d’assurance minimale, dont une partie cotisée
  3. Incapacité permanente : Les salariés atteints d’une incapacité permanente due à une maladie professionnelle ou à un accident du travail peuvent partir à la retraite dès 60 ans à taux plein.
  4. Compte professionnel de prévention : Ce dispositif permet d’acquérir des points en fonction de l’exposition à certains facteurs de risques professionnels. Ces points peuvent être utilisés pour partir plus tôt à la retraite.

Cumul emploi-retraite

Le cumul emploi-retraite permet à un retraité de reprendre une activité professionnelle tout en continuant à percevoir sa pension de retraite, sous certaines conditions. Il existe deux formes de cumul :

  1. Le cumul intégral : Possible si le retraité a atteint l’âge légal de départ à la retraite et justifie d’une pension à taux plein. Dans ce cas, il peut cumuler intégralement sa pension et ses revenus d’activité.
  2. Le cumul plafonné : Si les conditions du cumul intégral ne sont pas remplies, le cumul est possible dans la limite d’un plafond. Si les revenus d’activité dépassent ce plafond, la pension est réduite à due concurrence.

Il est important de noter que depuis 2015, la reprise d’une activité dans le cadre du cumul emploi-retraite ne permet plus d’acquérir de nouveaux droits à la retraite.

Retraite progressive

La retraite progressive permet de percevoir une partie de sa pension de retraite tout en continuant à travailler à temps partiel. Ce dispositif est accessible à partir de 60 ans sous certaines conditions :

  • Justifier d’au moins 150 trimestres d’assurance retraite
  • Exercer une ou plusieurs activités à temps partiel

La retraite progressive présente plusieurs avantages :

  • Une transition en douceur vers la retraite
  • La possibilité de continuer à cotiser et donc d’améliorer ses droits à la retraite
  • Un complément de revenus grâce au cumul du salaire à temps partiel et d’une partie de la pension

L’impact de la digitalisation sur la gestion de la retraite

La digitalisation a profondément modifié la gestion de la retraite, tant pour les salariés que pour les organismes de retraite :

  1. Dématérialisation des démarches : La plupart des démarches liées à la retraite peuvent désormais être effectuées en ligne, ce qui simplifie grandement le processus pour les salariés.
  2. Accès à l’information : Les salariés peuvent consulter leur relevé de carrière en ligne et effectuer des simulations de leur future pension, ce qui facilite la planification de la retraite.
  3. Intelligence artificielle : Les caisses de retraite utilisent de plus en plus l’IA pour optimiser le traitement des dossiers et améliorer le service aux assurés.
  4. Cybersécurité : La protection des données personnelles des assurés devient un enjeu majeur avec la digitalisation des systèmes de retraite.

Les enjeux futurs du système de retraite français

Le système de retraite français fait face à plusieurs défis pour les années à venir :

  1. Vieillissement de la population : L’augmentation de l’espérance de vie et la baisse du taux de natalité mettent sous pression le système par répartition.
  2. Équité intergénérationnelle : Il est essentiel de trouver un équilibre entre les différentes générations pour maintenir la cohésion sociale.
  3. Prise en compte des nouvelles formes de travail : L’augmentation du travail indépendant et des carrières discontinues nécessite une adaptation du système.
  4. Soutenabilité financière : Le maintien de l’équilibre financier du système de retraite reste un défi majeur pour les années à venir.
  5. Simplification du système : La multiplicité des régimes et des règles rend le système complexe et peu lisible pour les assurés.

La retraite en France en 2025 s’inscrit dans un contexte de réformes visant à adapter le système aux évolutions démographiques et économiques. L’augmentation de l’âge légal de départ à 64 ans, les modifications des conditions d’obtention d’une pension à taux plein, et les changements dans le calcul des indemnités de départ sont autant d’éléments que les salariés doivent prendre en compte dans la préparation de leur retraite.

Il est important pour chaque salarié de s’informer régulièrement sur ses droits, d’anticiper son départ à la retraite et d’envisager des solutions d’épargne complémentaire pour assurer un niveau de vie satisfaisant pendant la retraite.

Les dispositifs tels que le Plan d’Épargne Retraite (PER), les mécanismes de retraite anticipée, le cumul emploi-retraite ou la retraite progressive offrent des options intéressantes pour adapter sa fin de carrière à sa situation personnelle.

La digitalisation des services liés à la retraite offre de nouvelles opportunités pour une meilleure gestion et planification de la retraite. Cependant, elle soulève également des questions en termes de protection des données et d’accessibilité pour tous les publics.

Enfin, il est important de souligner que le système de retraite français continue d’évoluer. Les salariés doivent donc rester attentifs aux futures réformes et ajustements qui pourraient impacter leurs droits et leurs projets de retraite. Une approche proactive et informée est la clé pour aborder sereinement cette étape importante de la vie professionnelle.

Dans ce contexte très évolutif, il est plus que jamais nécessaire de considérer la préparation de la retraite comme un processus continu tout au long de la carrière, plutôt que comme une préoccupation de fin de vie professionnelle. Cette approche permet non seulement de mieux anticiper financièrement, mais aussi de préparer la transition psychologique et sociale vers cette nouvelle étape de vie.